Ce matin là, la route pour aller travailler était encombrée. Un amas de gens semblait tourné vers un seul et même point, laissant certaines personnes se contorsionner pour tenter d'apercevoir quelque chose. Idunn n'avait aucune idée ce qui était en train de se tramer. Curieuse, parfois même un peu trop, elle se faufila parmi la foule pour tenter de voir quelque chose. Un corps. Il y avait un corps par terre, une arme aussi. Le shérif venait de baliser la zone. Il passa devant la demoiselle qui ne put s'empêcher de lire ce qu'il y avait de marqué sur le carnet de celui-ci, des noms, une ribambelle de noms. En tête de liste, la femme de la victime. Elle s'imagina tout de suite un meurtre passionnel. Tuer par amour. Tuer par déception amoureuse. Elle semblait être la première personne à être interrogée par les enquêteurs. Idunn se déplaçait à travers la foule compacte, tentant de capter quelques bribes de conversation. Elle voulait savoir, la couturière, comprendre ce qui avait bien pu se passer. Un meurtre à Rowcastle, ce n'était pas quelque chose de très commun. Au loin, le questionnaire avait l'air d'être terminé et la femme, Noreen, si Idunn avait bien retenu son nom, s'éloignait peu à peu du lieu du crime. La demoiselle profita de l'occasion. Elle rattrapa la nouvelle veuve. Elle était en larmes, et Idunn tenta son possible pour se montrer compatissante et poser ainsi ses questions. Elle ne se montra pas méfiante pour un sous et répondit comme si elle se tenait de nouveau devant le shérif. Elle avait ce qui semblait être un alibi et pas vraiment de mobile. Rien ne semblait étrange par rapport à cette Madame Veschambes qui, si elle ne s'y trompait pas, était psychologue au sein du village. Idunn se sentait émue par ce témoignage et lorsqu'elle laissa Noreen s'éloigner, elle ne put s'empêcher de chasser une larme du coin de son oeil. Elle venait de perdre son mari et semblait si bouleversée qu'elle se refusait à croire qu'elle pouvait être l'auteure de ce crime odieux. Au loin, les enquêteurs semblaient être sur le point de lâcher le deuxième témoin. Idunn s'empressa de le rattraper lui aussi, passant à côté de quelques conversations peu intéressantes à son sens. Il arrivait à tout le monde d'avoir des soucis de sommeil, cela ne faisait pas de quelqu'un un meurtrier. Et puis, tout dépendait de l'origine de ce dérèglement, madame Eayres n'avait pas forcément des problèmes inconscients qui l'empêchaient de fermer l'œil de la nuit, la cause pouvait être toute autre, inutile d'aller voir un thérapeute si elle n'en ressentait pas le besoin. Elle trouvait ces gens bien durs et bien peu indulgents envers la pauvre femme. Idunn continua sa route.

Spoiler:

Elle marchait encore dans la foule lorsqu'elle s'arrêta pour regarder autour d'elle. C'est alors qu'on lui murmura ces mots à l'oreille, des mots sur la femme qui fixait la victime, là-bas, au loin. Elle se méfia. Que quelqu'un lui dise ça comme ça à la volée, ça pouvait être une personne qui n'appréciait pas vraiment la femme et qui désirait l'incriminer, et surtout, une personne bien bavarde qui désirait partager toutes les soit-disant informations qu'elle avait. Tout de même intriguée par les dires de l'homme, Idunn se dirigea droit vers ce qu'elle avait compris être Easter Uridge. Son lien avec la victime était très flou, voire même inconnu d'Idunn, mais elle comptait bien tenter de le comprendre. Parce que s'il y avait vraiment eu une altercation entre la victime et cette femme la veille de sa mort, et si elle avait été interrogée à la police, il y avait quelque chose à tirer de cette femme. En lui posant quelques questions, elle commença à lui parler assez facilement. La première chose qui troubla Idunn, ce fut qu'elle sache avec certitude que ce n'était pas l'oeuvre du loup-garou. Comment pouvait-elle en être si sûre ? La deuxième chose, ce fut qu'elle n'évoqua pas la fameuse dispute. Généralement, on entendait des gens s'en vouloir, être frustré, après le décès d'un proche lorsque le dernier échange n'avait pas été des meilleurs. Un deuil à coup de « si seulement j'avais pu me réconcilier avec lui avant qu'il ne meure... je m'en voudrais toute ma vie ». La femme restait d'ailleurs très stoïque. Idunn se douta qu'il y avait sûrement quelque chose qu'elle cachait. Elle n'avait aucune preuve pour dire avec certitude qu'elle était la meurtrière, mais elle pouvait sentir qu'il y avait quelque chose qu'elle voulait garder pour elle. « Vous souvenez-vous où vous étiez au moment du meurtre, auriez-vous pu voir quelque chose ? » Une question bien dissimulée pour voir si elle avait un alibi. Il s'avéra que oui, elle corrobora ce que la femme de la victime venait juste de dire à Idunn. Soit les deux mentaient, soit elle n'avaient toutes les deux rien à voir avec le meurtre. Easter s'éloigna. Idunn chercha dans son manteau son carnet sur lequel elle avait l'habitude de griffonner ses croquis. Elle l'avait toujours sur elle. Elle ne pouvait s'empêcher de continuer à penser au crime, il fallait qu'elle sache la vérité, ça l'intriguait. Voilà qu'inconsciemment, elle endossait le rôle de détective. Elle commença à noter tous les faits.

1) La psychologue de la victime est Betsy Veschambes.

2) Easter et Noreen étaient ensemble au moment du meurtre et ont donc un alibi, sauf si elles ont fait le coup ensemble.

Elle changea de page et nota en haut Questions en suspens.

1) De quoi pouvaient bien parler Easter et Noreen, sachant qu'elles parlaient de la victime ?

2) Quel était le sujet de l'altercation entre Easter et Mr. Eayes hier soir ?

3) Quelle est la chose qui a été échangée entre Easter et Mr. Eayes hier soir ?

Bien trop de mystères restaient encore à élucider pour déceler la vérité dans cette histoire. Idunn n'avait maintenant qu'une envie, : parler au mari d'Easter pour savoir si elle était bien rentrée directement après sa discussion avec Noreen, et aussi tenter de découvrir s'il en savait plus à propos des relations entre la victime et sa femme. Si Idunn ne pouvait découvrir la raison de la dispute en demandant directement Easter, peut-être Mr. Uridge serait-il plus bavard ?